• Les tribulations des moniteurs à Yabuli (épisode 1)

    Suivez les aventures des huit moniteurs ESF partis enseigner cet hiver au Club Med de Yabuli (Chine),
    détaillées avec humour par Yann Bobbi.

    Arrivée en Chine


    Lundi 18 novembre 2013, jour de départ
    5h30, gare de la Part-Dieu, il fait froid et humide, une entrée en matière en vue de ce qui nous attend. Yabuli est une station de ski située en Mandchourie, au nord-est de la Chine. Températures moyennes l’hiver : - 30 °C.
    C’est parti pour une mission de trois mois dans ce pays lointain à la culture et aux coutumes si différentes des nôtres. Une montagne de bagages jonche le quai, équipement de ski et snowboard ainsi que tout le nécessaire pour cette aventure. Nous sommes ainsi huit pulls rouges à quitter nos montagnes direction Paris Charles-De-Gaule, vol MU554 pour Harbin avec transit à Shanghai. Un trajet de plus de vingt-quatre heures, idéal pour nous permettre de mieux faire connaissance.
    Notre équipe : Lucie Mougnard (ESF Val-Thorens), Jérémy Guillet (ESF Tignes-le-Lac), Barthélémy Julien et Mathieu Boucharlat (ESF Alpe d’Huez), Eric Levesque (ESF Aime 2000), Robin Cortay (ESF Chamonix), Gary Ozeray et Yann Bobbi (ESF Peisey-Vallandry), sans oublier Grégory Abad (ESF Aime 2000) déjà sur place. Ce dernier est en charge de la relation avec la direction générale de la station de Yabuli et du Club Med ainsi que de l’organisation technique de notre travail sur place ; pas mal de responsabilités en somme !

    Mardi 19 novembre 2013, arrivée dans le nord de la Chine
    14h heure locale (7h en France). L’avion de la compagnie China Eastern Airlines se pose en douceur sur une fine pellicule de neige avec un bon vent de travers, la routine pour les pilotes locaux.
    Par la fenêtre, une effervescence d’employés chinois emmitouflés de grosses parkas de l’armée et de chapkas ornées d’une étoile rouge. Rien d’officiel en fait, juste des uniformes très standard pour travailler dans les rudes conditions qu’impose l’hiver ici. On note les - 27 °C affichés sur le thermomètre, sans compter bien sûr l’impact du vent.
    Les gens autour de nous sont habillés très sobrement, le noir étant la couleur dominante, ressortant sur les teintes de gris des bâtiments environnants. Odeurs fortes et saletés viennent souligner l’incroyable manque d’entretien des installations. Quand soudain, à notre stupéfaction, une grand-mère installée sur l’un des bancs du couloir se met à éructer de la façon la plus sordide et à cracher à même le sol de l’aéroport, juste devant nos pieds ! Cette action va finalement être répétée une bonne dizaine de fois par ses congénères tandis que nous attendons patiemment de récupérer nos bagages dans une joyeuse bousculade. Bienvenue en Chine ! La République populaire de Chine à beau se targuer de faire partie des plus grandes puissances économiques du monde, elle n’en reste pas moins un pays où la pauvreté et le manque de civisme font encore cruellement défaut. Un retard de plusieurs dizaines d’années en fait…

    Une pancarte Club Med agitée au-dessus de la foule à la sortie de l’aéroport nous rappelle à la réalité et à la raison de notre venue : dispenser notre savoir-faire en tant que professionnels de l’enseignement du ski au peuple chinois qui n’a à peu près aucune connaissance en la matière. C’est donc en partenariat avec le « Club Med de Yabuli Sun Mountain » que nous allons mener à bien nos opérations sur le terrain. Le Club s’est implanté voici quatre ans dans la station et compte bien conquérir d’autres stations chinoises. But avoué : la Chine s’ouvre au tourisme et au loisir, tout est à faire dans ce pays où il n’y a rien dans ce domaine. L’activité du ski entre pleinement dans cette optique, avec un potentiel de 25 millions de Chinois susceptibles de partir en vacances au ski !
    La rue principale d'HarbinNous voilà donc dans le bus qui nous emmène à Harbin, cité de la glace et du froid sibérien, 10 millions d’habitants. On en prend juste plein les yeux ! Une profusion de gratte-ciel à perte de vue, des autoroutes quatre à cinq voies qui s’enroulent les uns sur les autres autour de ces buildings. On aperçoit des sculptures et autres imposantes statues de glace à tout les carrefours, une pollution sans nom due en particulier au système de chauffage collectif au charbon hérité du communisme. D’énormes cheminées de plusieurs dizaines de mètres de haut vomissent leur fumée et parfument la ville de concert avec le nombre imposant de véhicules à moteur.
    La conduite automobile en Chine, voilà également un sujet passionnant. L’autoroute pour atteindre la ville est recouverte d’une petite couche de glace parsemée çà et là de nids de poules. Heureusement, le service d’entretien est là pour veiller à la sécurité. Disposée tout les 5 kilomètres, une joyeuse équipe de déneigement armée de pelles, pioches et balais en branches de noisetier vient ponctuer le décors. Les règles de conduite dans le pays sont très bien établies : on a le droit de… faire ce qu’on veut ! On double où on veut, même sur la bande d’arrêt d’urgence. C’est d’ailleurs fort pratique, on peut ainsi s’amuser à slalomer entre les files infinies de camions chargés pour dix fois leur capacité, les motoculteurs, les charrettes tractées par de bonnes vieilles mules et, bien sûr, le personnel de déneigement.
    En ville, les feux multicolores ainsi que les panneaux de limitation de vitesse sont du plus bel effet, ayant pour unique fonction d’égayer le paysage. Malgré tout, très peu d’accidents, et une fluidité à toute épreuve !

    Harbin by nightOn arrive bientôt à l’hôtel, la nuit tombe sur cette immense ville qui, ô surprise, s’illumine de mille feux ! Les bâtiments qui semblaient jusque-là sans originalité se mettent soudainement à faire ressortir leur architecture par un jeu de lumières bien pensé. Ponts, barrières, monuments… tout scintille, un petit air de Las Vegas version Sibérie. Après une douche bien méritée, direction le restaurant. Là encore, le dépaysement est total : comment trouver un restaurant justement ?
    La rue est couverte d’enseignes de toutes les couleurs mais malheureusement, tout est écrit en caractères chinois. Il nous faut donc coller notre nez sur les vitres pour deviner ce qui se trouve à l’intérieur et même de cette façon, on a encore du mal à déterminer ce qui s’y passe. « Ça y est, je crois que j’ai trouvé ! » En effet, juste derrière nous, un groupe de Chinois sort d’un épais rideau de protection contre le froid dont l’ouverture laisse s’échapper des effluves de barbecue. On s’engouffre immédiatement, il faut dire qu’à ce moment-là, la seule chose qui nous tienne l’estomac, c’est la bouillie de riz aux algues servie dans le dernier avion. Autant dire qu’on est morts de faim !
    Friandises chinoisesDerrière le rideau, une cage d’escalier quelconque, on monte les étages en suivant le parfum des viandes épicés. « Vous pensez que c’est ici ? » Aucune idée, cette porte ressemble à toutes les autres. On c’est sûrement trompé et on s’apprête à rentrer chez l’un des propriétaires de l’immeuble. Et puis zut, on essaye quand même ! Quelle fut notre surprise quand la porte s’ouvrit sur un grand restaurant, où une charmante serveuse nous pria d’entrer avec un grand sourire.
    Dans la plupart des restaurants chinois, les gens mangent dans des salles privées, autour d’une grande table ronde pouvant accueillir jusqu’à douze personnes. Un plateau tournant recouvre la quasi-totalité de la table, sur lequel on dépose les plats choisis par l’ensemble des convives. C’est un partage, il n’y a pas d’entrée, plat, dessert, tout est là et chacun picore dans l’assiette de son choix en faisant tourner le plateau à sa guise. Heureusement pour nous, ce restaurant offre un menu avec des photos de chacun des plats, une formule très courante dans le pays. Malgré ça, il n’est pas toujours évident de distinguer avec précision quels légumes ou quelle viande garnissent les assiettes ainsi proposées. C’est donc pendant la dégustation que l’on a pu réellement déterminer la composition des plats du nord de la Chine. Ils sont très épicés, on a également découvert que les abats, viscères et autres parties génitales sont des mets très répandus.
    On a tous très faim, mais là encore, il va falloir s’adapter… aux baguettes : c’est parti pour le concours de décoration de nappe à la sauce soja ! Mais finalement, après un petit cours (en chinois) sur le maniement des baguettes dispensé par notre gentille serveuse, nous voilà prêts pour survivre durant les trois prochains mois !

    Yann Bobbi

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