• Les tribulations des moniteurs à Yabuli (épisode 2)

    Suivez les aventures des huit moniteurs ESF partis enseigner cet hiver au Club Med de Yabuli (Chine),
    détaillées avec humour par Yann Bobbi.

    Visite médicale


    Mercredi 20 novembre, contrôle médical
    Après une bonne nuit de sommeil, nous voilà tous réunis dans le lobby de notre hôtel. A jeun, le décalage horaire de sept heures et l’impression d’avoir débarqué sur une autre planète, nous suivons notre guide du jour, « Vivine ». Elle nous emmène dans un centre gouvernemental de contrôle médical, une formalité supplémentaire pour l’obtention d’un visa définitif de travail dans le pays.
    Un examen, nous allons le découvrir, très poussé… On écarte, encore une fois, l’un de ces gros rideaux faisant office de porte isolante contre le froid, pour pénétrer dans une immense salle remplie de Chinois. Des guichets, des bureaux, des agents de police, des caméras dans tous les coins et un fourmillement de personnes pressées. On est tous bien contents que Vivine soit là pour nous orienter dans ce qui semble être une grosse foire champenoise du moyen-âge. On compatit d’ailleurs pour un homme à quelques mètres de nous, qui semble d’origine russe et complètement désemparé par ce qui l’attend… Il y a en effet un guichet pour tout : un pour signaler notre arrivée dans le bâtiment, un pour recevoir une autorisation d’aller au prochain guichet, un pour valider les formulaires du guichet précédent et ainsi de suite. Heureusement, Vivine et trois autres Chinois sortis de nulle part font les différents déplacements, remplissent nos formulaires et en un coup de cuillère à pot, nous voilà dans un grand couloir avec un gobelet en plastique et un papier avec la listes de check points, comme ceux que l’on distribue aux participants dans les courses d’orientation. « A vos marques, prêt, partez ! »

    Nous voilà lancés dans les couloirs du bâtiment à la recherche de salles dont le numéro est inscrit sur notre check-list. On valide chaque salle par un poinçon, le premier arrivé a gagné ! Répartis sur deux étages, les couloirs sont de vrais labyrinthes. On poinçonne les salles dans l’ordre que l’on veut et chacune d’elles est une épreuve à réussir pour terminer le parcours. Autant la rigueur administrative chinoise est pointue, autant le check-up médical ne l’est pas. Quelques exemples :
    Eric et Vivine dans la salle n° 2, celle qui contrôle la vue. Une infirmière dont l’uniforme semble sorti d’un film d’avant-guerre présente un livre ouvert avec des images floutées pour masquer un chiffre. Ici, on doit deviner le chiffre 118. Toute la scène est en chinois, Eric, pas très réveillé, répond « 33 », puis à Vivine de traduire en chinois « 118 » : test validé.
    Ensuite, la salle où l’on passe une radio des poumons pour déceler une éventuelle tumeur ou autre syphilis. Je commence à enlever ma veste, la personne en charge de l’examen m’explique qu’on n’a pas le temps. C’est vrai, vu le nombre de Chinois qui courent dans les couloirs, on imagine aisément que cet individu doit faire plusieurs centaines de radios par jour. Il me plaque tout habillé contre l’appareil, tandis que j’essaye vainement de lui expliquer que j’ai toujours mon portefeuille dans ma poche intérieure. Trop tard, la radio est faite, candidat suivant !
    Mathieu, dans la salle d’à-côté, doit passer un examen cardiaque, un « ECG ». Il commence également à enlever son manteau quand, d’un coup, il sent deux mains le plaquer sur une sorte de brancard. Une vieille infirmière acariâtre, certainement moine Shaolin dans sa jeunesse, le regarde droit dans les yeux, « You ! No move ! » Mat n’a même pas le temps de rétorquer quoi que ce soit, on lui a déjà apposé à même les vêtements une panoplie d’électrodes aux fils à moitié dénudés dignes d’un film d’horreur. A peine le temps de crier au secours, que tout était déjà retiré.
    On passera les détails concernant la prise de sang à la chaîne qui laisse un énorme hématome pendant trois semaines, la plâtrée de gel pour échographie qu’on nous tartine sous le T-shirt ou encore le prélèvement d’urine dans les toilettes « à la chinoise » (c’est-à-dire sans porte pour séparer les différents boxes, sans la chasse d’eau remplacée par un sceau et une louche, sans le papier toilette et surtout sans les toilettes. Juste un trou en fait…), où l’on dépose son tube à essai rempli avec celui des copains, au même endroit, sur une vieille étagère entre les pissotières et les lavabos.

    Il est midi, tout le monde arrive au comptoir final, débraillé et charcuté, pour faire valider sa feuille de course.
    Personne dans notre groupe ne pense un seul instant à recevoir une copie des résultats. On s’est bien amusé mais les formalités réglées, il s’agit maintenant d’attaquer les choses sérieuses : enseigner le ski dans ce pays de barbares !
    En route pour Yabuli ski resort !

    Yann Bobbi

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